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L'HYPNOSE DANS LE TRAITEMENT DE LA STÉRILITÉ PSYCHOGÈNE

Présenté par le Dr Djayabala Varma, psychologue clinicien

Tiré du livre L'hypnose en psychosomatique. 

De nombreux problèmes gynécologiques sont d’origine psychosomatique du fait que le système génital féminin est facilement influencé par les émotions ressenties par la femme.

Les problèmes couramment traités par l’hypnothérapie en gynécologie et en obstétrique sont l’aménorrhée secondaire, la dysménorrhée, la stérilité psychogène, les malaises prémenstruels, l’insuffisance mammaire, certains problèmes liés à la grossesse (nausées, vomissements, brûlures d’estomac, fausse couche spontanée), l’accouchement sans douleur, l’augmentation de la lactation...

Dans le traitement des problèmes gynécologiques,
un examen gynécologique initial est indispensable. Il est important d’éliminer toute cause organique du problème.

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sterilite psychogene
Contexte
Cas clinique Anna

D’un point de vue physiologique, la période la plus favorable pour la grossesse se situe entre l’âge de dix-huit ans et de vingt-cinq ans. Généralement, les femmes, se situant dans cette tranche d’âge, n’ont pas de difficulté pour devenir enceinte. Donc, peu de femmes de cette tranche d’âge sont concernées par le problème de la stérilité.

 

Par contre, d’autres femmes ajournent leur maternité et souhaitent avoir un enfant après l’âge de trente ans. Certaines de ces femmes peuvent avoir des problèmes pour avoir un enfant. Après deux ans sans grossesse, le couple est considéré comme infertile.

De nombreux facteurs psychologiques sont responsables de la stérilité. De plus en plus de gynécologues en tiennent compte dans le traitement de la stérilité. Certaines femmes font plusieurs tentatives de procréation médicalement assistée qui échouent du fait que les causes psychologiques n’ont pas été traitées. Kroger signale que, quand il fait passer les tests psychologiques aux femmes qui ont des difficultés à concevoir, il se rend compte que souvent, derrière un désir explicite d’avoir un enfant, il existe une profonde envie refoulée de ne pas concevoir. David B. Cheek, gynécologue et hypnothérapeute américain de la génération d’Erickson, rapporte le cas suivant : il reçoit une femme qui, après sept ans de mariage, n’a toujours pas d’enfant. Le docteur lui pose la question : « Est-ce que vous avez souhaité avoir un enfant dès la première année de mariage ? » Elle répond en secouant lentement la tête d’un côté et de l’autre : « Oh oui, docteur, j’ai toujours voulu des enfants ». Cheek observe la contradiction entre le message verbal et le langage non verbal. En hypno-analyse, il explore le conflit intérieur et résout ce problème. À la suite de séances d’hypnothérapie, la patiente est devenue enceinte. Par la suite, elle a eu deux autres enfants.

Le désir refoulé de ne pas avoir d’enfant repose sur une immaturité émotionnelle associée souvent à la peur de la maternité ou à des sentiments d’incompétence. Comme le font remarquer Kroger et Fezler, une femme, qui à un niveau inconscient, a une relation de fille à père avec son mari, peut considérer la grossesse comme indésirable et, en conséquence, peut devenir stérile pour répondre à ce besoin inconscient de maintenir cette relation avec son mari.

Certaines femmes de type
féminin et érotique, qui considèrent la maternité comme une source d’ennui et d’enlaidissement, peuvent inconsciemment ne pas vouloir d’enfant.

De même, une femme
dominante et autoritaire, qui nie sa féminité et qui joue un rôle masculin dans le mariage, peut inconsciemment rejeter la grossesse.

Une hostilité profonde envers le mari peut être aussi la cause principale de la stérilité psychogène chez une femme qui peut devenir enceinte avec un autre homme. Ainsi, des émotions conflictuelles peuvent affecter la physiologie de l’ovulation et de la glaire.

D’autres facteurs, tels que l’
évitement des rapports sexuels pendant l’ovulation, des conflits chez le partenaire et les spasmes fonctionnels des trompes de Fallope peuvent affecter la capacité du sperme à être transporté. Chez la femme anxieuse, il se produit une contraction des muscles lisses au niveau de l’utérus et des trompes de Fallope. Ce spasme musculaire peut empêcher l’ovule de rencontrer le spermatozoïde dans la trompe de Fallope.

De plus, une autre cause de tension et d’anxiété peut apparaître chez une femme qui, après un certain nombre de mois ou d’années, ne constate aucun signe de grossesse :
c’est la peur d’être stérile. Et cette peur entretiendra et aggravera le spasme, empêchant ainsi toute grossesse.
 

En outre, à peu près 50 % des stérilités sont d’origine masculine. Le surmenage, la fatigue et le stress peuvent causer une telle stérilité chez l’homme. Cette stérilité est consécutive à une production trop élevée de noradrénaline liée à des stress répétés.

L'hypnothérapie permet de traiter efficacement la stérilité causée par des conflits psychologiques.​ L’expérience d’Erickson confirme cette hypothèse. Au moment de la publication de son article sur la stérilité psychogène, Erickson avait traité vingt femmes pour ce problème.

Sur les vingt, dix sont allées jusqu’au bout du traitement pour devenir enceintes et ont eu un bébé. Sur les dix autres qui n’ont pas pu concevoir, le traitement le plus long a duré cinq mois. En d’autres termes, les dix femmes qui ont arrêté le traitement étaient découragées du fait que la thérapie hypnotique ne produisait pas de résultats rapides. En effet, elles s’attendaient à être enceintes au bout du premier mois.

CAS CLINIQUE - ANNA

par Milton Erickson

Erickson cite le cas d’une femme appelée Anne. Elle est mariée à un homme divorcé et père de plusieurs enfants. Après quelques années de mariage, elle divorce car elle n’a pas d’enfant. Elle se remarie avec un homme divorcé et père de plusieurs enfants. En tout, Anne a passé douze ans à essayer d’avoir un bébé. Le dernier médecin qu’elle a consulté lui a conseillé d’aller voir Erickson car elle était très tendue et très anxieuse. Anne avait déjà suivi une psychothérapie dans le passé. Elle ne veut pas de psychothérapie, mais un enfant. Erickson fait l’hypothèse que les contractions au niveau des trompes de Fallope empêchent la fécondation. Après induction d’un état profond d’hypnose, Erickson suggère à la patiente de ressentir des réactions physiologiques variées dans son corps. Par des suggestions appropriées, il lui permet de faire l’expérience des sensations suivantes : la fraîcheur dans le bras droit et la chaleur dans le bras gauche, le froid dans la poitrine et la chaleur dans le buste. Il lui apprend à sentir le pied gauche bien tendu et le pied droit bien détendu. Erickson lui enseigne à détendre entièrement le pelvis et à y sentir une sensation agréable et intense de chaleur. Puis il l’aide à laisser partir ces sensations dans le pelvis et à les retrouver jusqu’à ce qu’Anne apprenne à détendre complètement le pelvis et à ressentir la chaleur et le confort dans cette partie du corps.

Erickson lui recommande de pratiquer cette relaxation du pelvis et de tout le corps et de retrouver ce confort pendant les rapports sexuels. Après trois mois, Anne est enceinte.

Pour la première fois, Anne est venue voir Erickson en octobre. En novembre et en décembre, elle a des règles normales, sans douleur. Juste après Noël, elle vient le voir et elle lui dit : « J’ai eu mon cadeau de Noël. Vous m’avez rendue enceinte. » Puis elle rougit et lui dit qu’il ne faut pas prendre ce qu’elle a dit au sens littéral de l’expression. Elle lui raconte qu’elle a eu des relations sexuelles très agréables. Pendant les rapports sexuels, elle s’est sentie si à l’aise et si relaxée qu’elle est convaincue que la relaxation physiologique, qu’il lui a enseignée, l’a aidée à devenir enceinte. Dans ce cas, le stress était une des causes importantes de la stérilité.

CAS CLINIQUE - BÉATRICE

raconté par Djayabala Varma

Il s’agit d’une femme, appelée Béatrice, qui a trente-trois ans au moment de la consultation. Elle est mariée depuis cinq ans et elle essaie d’avoir un enfant depuis trois ans. Tous les bilans médicaux sont normaux pour son mari et pour elle. Deux inséminations artificielles ont échoué. Elle ressent donc un énorme sentiment de frustration et d’impuissance face à ce problème d’infertilité, ce qui provoque occasionnellement une dépression.

 

Lors du premier entretien, Béatrice m’informe qu’une troisième procréation médicalement assistée est prévue dans les deux mois à venir.

 

Au premier rendez-vous, je fais une séance d’hypnose que j’enregistre. Après les suggestions de renforcement du moi, je demande à Béatrice de se concentrer d’abord sur l’image d’un arbre avec beaucoup de fruits et de fleurs. Ensuite, je lui propose de s’imaginer se baignant à la mer. Elle nage. Elle plonge au fond de la mer. Et là, elle trouve un coquillage. Elle revient sur la plage. Elle s’assied sur le sable. Elle ouvre le coquillage et, à l’intérieur, elle trouve une perle qu’elle garde pour elle. La visualisation de l’arbre et de la perle peut servir à approfondir l’état hypnotique. Ces deux images constituent également des métaphores qui transmettent indirectement le message qu’elle peut être fertile. Puis je lui demande de visualiser toute la grossesse et l’accouchement. Je l’invite à s’imaginer contente et fière d’être maman avec un bébé sur les bras.

Ainsi, je propose à Béatrice des suggestions indirectes (métaphores de l’arbre et de la perle) et des suggestions directes (visualisation de la grossesse et de l’accouchement) pour laisser le choix à son inconscient.

Dès le deuxième rendez-vous, je procède à l’hypno-analyse pour explorer les facteurs psychologiques, émotionnels ou inconscients responsables de sa difficulté à devenir enceinte. Je décèle un conflit intérieur chez Béatrice : une partie d’elle veut être mère et une autre partie ne veut pas d’enfant. Je continue alors avec la thérapie des états du moi. Je communique avec cette partie qui ne veut pas d’enfant. C’est une partie qui est apparue en elle à l’âge de quatorze ans. Le jour de ses premières règles, cette partie d’elle-même appelée "la petite fille" a eu très peur de grandir. Elle empêche la patiente de concevoir pour que la patiente s’occupe d’elle. "La petite fille" prétend que la patiente ne peut pas s’occuper de deux enfants. Tout s’est passé comme si cette partie était restée figée à l’âge de quatorze ans. Elle dit qu’elle est consciente que toutes les autres parties sont adultes, mais qu’elle est restée enfant. Je lui demande : « Comment sont tes relations avec les autres parties ? ». Elle me répond qu’elles sont inexistantes car elle est repliée sur elle-même. Je lui demande : « Comment est-ce que tu te sens ? » Elle me dit qu’elle se sent triste, isolée des autres parties et qu’elle manque de sécurité. Je lui demande si elle aimerait avoir de bonnes relations avec les autres parties. Sa réponse est positive. Je lui signale que, si elle veut avoir de bonnes relations avec les autres parties, il vaut mieux qu’elle grandisse pour pouvoir communiquer d’égal à égal avec elles. Est-ce qu’elle accepte de grandir ? Elle dit oui. Mais elle m’informe qu’elle ne sait pas comment faire. Je lui explique que je vais contacter une autre partie de la personne qui peut lui venir en aide. Je la remercie et je lui demande de retourner là d’où elle est venue. Je propose à Béatrice d’aller chercher au fond d’elle-même une autre partie qui veut aider "la petite fille" à grandir. Béatrice étant psychologue, une partie d’elle-même appelée « psychologue » vient en aide à "la petite fille" pour l’aider à grandir et pour lui apporter la sécurité.

« La petite fille » accepte d’être amie avec la « psychologue ». Et comme "la petite fille" accepte de grandir, je lui demande si elle consent à ce que la patiente ait un enfant. "La petite fille" est d’accord. Je remercie les parties concernées pour leur coopération et je leur demande de rentrer là d’où elles sont sorties.

A la troisième séance, je m’assure que "la petite fille" continue à grandir, se sentant en sécurité, et qu’elle n’a plus d’objections pour que Béatrice ait un enfant.

Puis je continue la thérapie avec Béatrice en lui expliquant la loi de l’effet inverse : plus elle essaie d’avoir un enfant, plus il lui est difficile de concevoir (il existe de nombreux couples sans enfants qui adoptent, et après, la femme devient enceinte du fait qu'elle cesse d'essayer d'avoir un enfant).  En état d’hypnose, je lui demande de visualiser l’arbre et la perle. Je lui suggère aussi de s’imaginer enceinte, de se voir accouchant au terme de la grossesse, de se sentir contente et fière d’être mère. Je lui recommande de pratiquer l’auto-hypnose de cette manière, si possible tous les jours.

Béatrice est devenue enceinte à la suite de la troisième procréation médicalement assistée.

Dans environ 50 % des cas d’infertilité, on n’arrive pas à déterminer la cause. Lorsqu’on ne peut déceler aucun défaut anatomique ou endocrinien chez les deux partenaires et que le couple n’arrive pas à avoir un enfant, on peut considérer que la stérilité est causée par des facteurs psychologiques. Dans ces cas, les femmes stériles se contentent souvent du traitement du médecin gynécologue sans penser à une démarche psychologique pour résoudre le problème. Cette situation est due à un manque d’information aussi bien auprès des médecins qu'auprès des patients. Pour ces couples, l'hypnothérapie constitue le traitement de choix traiter ces facteurs psychologiques responsables du problème.

Extraits tirés de l'ouvrage L'hypnose en psychosomatique, Actes du premier Congrès de l'Association Européenne des Praticiens d'Hypnose (2008 - Edition L'Harmattan)

Cas clinique Béatrice
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